dimanche 21 décembre 2014

Conclusion


Nous avons vu qu'au 19e siècle, trois architectes ont débattu sur le principe de la réinvention du patrimoine : Viollet-le-Duc, soutenu par Napoléon III, réinventa de nombreux monuments célèbres, tandis que Ruskin et Boito condamnent plus ou moins fermement cette pratique, et prônent une restauration passant par la consolidation.
Au XXe siècle, la charte de Venise, inspirée de la théorie de Brandi, fixe des règles internationales pour la restauration, et exige des interventions actuelles qu'elles soient réversible. Par exemple, la basilique Saint-Sernin de Toulouse a été restaurée au 19ème siècle par Viollet-le-Duc puis dérestaurée.

Une nouvelle polémique apparaît aujourd’hui : des restaurations trop soignées, laissant la pierre trop claire, enlèvent le charme du temps et donnent un aspect presque artificiel à un monument pourtant marqué par les siècles et les hommes.
 En effet depuis le 20ème  siècle, au-delà de toute théorie sur le sujet,  le patrimoine demeure un marché. Ces œuvres sont un véritable moyen pour rendre une ville, un pays attractif dans le secteur touristique. Toutefois, attirer des touristes et susciter l’engouement pour un bâtiment nécessite de répondre à des attentes esthétiques qui risquent de conduire à une standardisation des monuments et de mener  les restaurations d’architecture et l’art vers une industrie culturelle.
L’architecte et historien Jean–François Cabestan, spécialisé dans l’intervention en milieu ancien, déclarait pour le journal Télérama « Quand je vois le panneau Unesco, Ville d’art et d’histoire ou Journée de patrimoine, je file, car je sais ce que je vais trouver : des impeccables enduits rouge sang de la Cité interdite aux statues dorées de l’opéra Garnier (qui ne l’ont jamais été), il n’y en a que pour les mises en scène les plus clinquantes ! ». A trop récurer la patine du temps, c’est l’âme des pierres que l’on finit par chasser.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire